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Предисловие к французскому переводу «Драматических произведений Александра Пушкина»

Иван Тургенев
Предисловие к французскому переводу «Драматических произведений Александра Пушкина»

Les petites pièces qui ont pour titre «Mozart et Saliéri» et «la Roussâlka» furent également publiées du vivant de Pouchkine. La première est, comme on le verra, une espèce d’étude psychologique qui repose sur un bruit d’empoisonnement, assez répandu à la mort presque subite de Mozart, sans autre fondement toutefois que la jalousie connue de Saliéri à l’égard d’un rival qui l’éclipsait. La seconde a pour sujet une légende populaire.

Mais l’autre petite pièce intitulée «le Baron avare» fut trouvée dans les papiers de Pouchkine après sa mort, et publiée seulement parmi ses æuvres posthumes. Quelques-uns supposent qu’il entrait dans la pensée de l’auteur de continuer ce sujet, et d’en faire un drame entier avec le personnage d’Albert. Cependant il nous semble que l’on peut fort bien trouver dans ces trois scènes une æuvre complète, une autre étude psychologique, où l’avarice, sans être moins haïssable, se montre sous une forme énergique, grandiose, poétique même, que jamais elle n’avait revêtue.

Quant au drame de «l’Invité de pierre», – qui est un nouveau «Don Juan», après ceux de Tirso de Molina, de Molière, de Mozart, de Byron, – bien qu’écrit en 1830, non-seulement Pouchkine ne l’avait pas publié à sa mort, sept ans après, mais il n’avait même jamais révélé à ses amis ni l’æuvre faite, ni le projet de la faire. Il semble ne l’avoir écrite que pour lui-même. Peut-être que, dans sa modestie sincère et non affectée, il avait eu quelque scrupule, quelque honte, de reprendre ce sujet après tant d’illustres devanciers, et d’y faire fléchir le caractère du héros, qui paraît se prendre dans ses propres filets, et mourir autrement qu’il n’avait vécu, amoureux tout de bon. Nous croyons qu’on nous saura gré de tirer aussi de ses æuvres posthumes ce puissant drame en quelques scènes, qui suppose la connaissance des drames antérieurs sur le même sujet. Ce sera permettre une intéressante comparaison, que Pouchkine, il nous semble, n’a point à redouter.

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